Le point commun entre la pierre, le cuir et le chocolat ? La Vitrine de l’Artisan.
Depuis 12 ans, chaque année, le concours “la Vitrine de l’Artisan” met à l’honneur les métiers artisanaux et « dépoussière » le regard que l’on peut avoir sur ceux-ci. J’ai eu la chance d’accompagner pendant 3 jours Claire Hennen qui réalise les portraits des lauréats. Je vous livre ici ma rencontre avec quatre artisans passionnés et passionnants qui nous ont raconté avec ferveur leur métier.
Jour 1 : la cordonnerie.
C’est dans le Hainaut que je me rend pour cette première journée. Rendez-vous avec Claire à Mons. Au programme aujourd’hui, la visite de deux cordonneries. Je suis un peu étonnée car pour moi, cordonnerie rime avec Mister Minute (c’est à dire réparer les chaussures et faire des clés) et je ne vois pas trop ce que je viens faire là. J’étais en fait loin de m’imaginer que derrière certaines boutiques pouvait se cacher un atelier de fabrication de chaussures.
C’est ce que je découvre en entrant dans le petit atelier de Carmelo Cuschera. Auparavant, le borinage était la première région de fabrication de chaussures et c’est auprès de son père, à La Louvière, que Carmelo se forme au métier de cordonnier. Si a priori, le métier ne l’emballait pas, il va pourtant très vite devenir une passion et conduira Carmelo à installer sa propre cordonnerie à Mons.
En plus des travaux de réparations diverses de chaussures, Carmelo se démarque de la concurrence en réalisant divers objets de maroquinerie tels que sacs, portefeuilles, ceintures. Un jour, une cliente lui commande une paire de sandales. C’est le déclic qui le lance dans la fabrication de chaussures et qui lui fait créer sa marque « Cuschera ».
Depuis, Carmelo crée – surtout – des sandales et des tongs pour sublimer nos pieds l’été. Elégantes et intemporelles, elles sont toutes réalisée à la main dans des cuirs de haute qualité.
et certaines, comme ici sur l’image, ont une pointe d’humour en rendant hommage au célèbre doudou !
Carmelo Cuschera – Rue des Capucins 64
7000 Mons
Ensuite, direction Soignies. Toujours à la découverte de la cordonnerie. C’est ici d’un apprenti cordonnier / bottier dont il est question : Aubin Dascotte.
Si la Vitrine de l’Artisan met à l’honneur des artisans confirmés, ils n’oublient pas non plus ceux qui ont choisi cette voie pour en faire un métier. Depuis 2016, la Vitrine de l’Artisan montre que l’avenir du secteur est entre les mains de jeunes motivés qui cherchent à se former de manière qualitative, ce qui est, pour certains métiers, très difficile aujourd’hui chez nous. Heureusement pour Aubin, c’est auprès de son oncle, Paul Dascotte (un maître en la matière), qu’il se forme. Il nous explique que le métier tant à disparaitre. Les formations n’existent plus et les cordonniers sont mal considérés. Ils manquent de reconnaissance et pour lui, participer à ce concours c’est surtout une manière de partager sa passion et de donner un autre regard sur son métier. Ce qui le fait vibrer dans celui-ci c’est la diversité. Le cuir permet de réaliser une variété de choses. Il y a aussi le plaisir des odeurs et du travail bien fait. « Plus qu’une aventure professionnelle, l’artisanat est une aventure humaine » nous confie-t’il.
La Cordonnerie Artisanale Paul Dascotte
80, rue de Mons – 7060 Soignies
Jour 2 : la pâtisserie
Rendez-vous dans la capitale, et plus exactement Chaussée de Boondael à Ixelles chez Cokoa pour ce deuxième jour, promesse cette fois ci de gourmandise. Dès la porte poussée, c’est l’odeur qui nous fait saliver Claire et moi. La bonne odeur de gâteaux sortant du four.
Anaïs Gaudemer, la conceptrice du lieu, vient nous saluer. Avec ses yeux pétillants et son large sourire, on sait d’avance que la matinée va être belle et que l’on va écouter son histoire avec attention.

Ensuite, Anaïs Gaudemer a réussi à allier son amour pour la nature et la pâtisserie en intégrant dans ses entremets des fleurs comestibles et des ingrédients naturels présents au rythme des saisons. Le résultat ? Le produit phare de l’enseigne, l’entremet floral. Un plaisir pour l’oeil et le palais.
Composé d’une ou plusieurs mousses ou de compotées de fruits et d’un biscuit type dacquoise ou financier, il est recouvert d’un magnifique glaçage et décoré de fleurs comestibles, de miettes de crumble, de coulis de fruits, de caramel au beurre salé ou encore de ganache au chocolat noir. Bon appétit !
Cokoa – La pâtisserie florale
Chaussée de Boondael 66, 1050 Ixelles
Jour 3 : Taille de la pierre
Pour ce dernier jour, c’est à Beauvechain, dans le Brabant Wallon que je me rend pour découvrir le métier de tailleur de pierres avec Nicolas Cloos.
La passion de Nicolas pour son métier est née dans son enfance. Il a grandi au milieu des pierres de Gobertange et avec la restauration de la vieille ferme de ses parents. C’est le maçon qui y travaillait qui lui a transmis l’amour des vieilles pierres. Son métier nous dit-il, c’est une histoire de transmission, de partage, d’échange, de co-élaboration. Dans la restauration des bâtiments, on se forme tous les jours. Il y a beaucoup de réflexion derrière chaque travail que l’on entreprend et de connaissances. Des connaissances techniques et dans les outils, mais aussi en histoire, en histoire de l’art et en architecture sont requises pour que la restauration d’un bâtiment se passe au mieux.
C’est un métier très complet et très juste. « Lorsque j’interviens sur un bâtiment, je dois commencer par le comprendre et pour que la restauration soit au plus juste, il faut interagir avec d’autres métiers afin de respecter celui-ci du début à la fin du chantier. Ce qui fait que c’est un métier enrichi par des échanges multiples où l’on s’auto forme en permanence ». Il regrette le manque de formations en Belgique. Formé en maçonnerie à l’IFAPME il suit des cours en France avec les Compagnons pour apprendre la taille de la pierre. De retour en Belgique il est d’abord engagé dans une entreprise de restauration de patrimoine et en 2014 il crée « AdVitampierre sprl », son entreprise. Passionné par son métier, il se renouvelle sans cesse pour proposer un habitat respectueux de son passé, sain, esthétique et le plus efficient possible.
La transmission du savoir, du savoir-faire et du savoir-comprendre est aussi quelque chose qui lui tient à coeur. Il forme des stagiaires, accompagne les gens sur les chantiers participatifs et propose un accompagnement pour les auto-constructeurs.
Trois jours courts mais chargé de rencontres et d’émotions. N’hésitez pas à cliquer sur le lien de La Vitrine de l’Artisan pour découvrir les autres lauréats de cette année 2018. D’autre beaux savoir-faire vous y attendent et si il y a une technique ou une personnalité qui vous séduit, vous avez jusqu’au 15 juin pour faire entendre votre voix pour le prix du public.