La Schiller Art Gallery est une galerie d’art tribal située à Bruxelles qui présente des pièces de toutes les ethnies et de tous les types.
Elle propose aussi un “cycle de rencontre”. Celui ci avait commencé avec une exposition consacrée au peintre Pierre Célice. Pour ce deuxième volet, Gregory Verdonck nous propose de découvrir l’artiste Jean Rustin à travers les dessins de l’artiste.
Ce peintre français né en 1928 a deux grandes périodes qui se caractérisent par un contraste saisissant. La première période de cet artiste est une période colorée, joyeuse et abstraite. Cependant, lors d’une rétrospective au Musée d’Art Moderne de Paris en 1971, il s’inquiète de la stricte beauté plastique de ses oeuvres. Il trouve celles-ci “trop belles”, “trop faciles” et décide de rompre avec cette approche. Cette date marque donc un tournant décisif dans son travail. Il rompt avec l’abstraction et se dirige vers le figuratif en cherchant à établir un dialogue avec le spectateur.
« Dans l’oeuvre de Jean Rustin, souvent les personnages nous fixent. Nous ne savons pas grand-chose d’eux si ce n’est qu’ils nous livrent leur genre, leur sexe, leur folie peut-être ? Etrangement et malgré les apparences provocatrices, ils n’offrent pas un théâtre ou une gesticulation les séparant de ce que nous sommes. Ils ne sont pas les acteurs d’une scène exotique … »
Olivier Kaeppelin « Nous-mêmes »
Adepte de littérature et fasciné par la charge émotive de la folie qu’il découvre par l’intermédiaire de son épouse dans le milieu médical de la psychiatrie, il axe son travail sur les corps, les visages, les jeux d’espaces et de cette perspective naissent des tableaux sombres, angoissants et sans tabous. Les corps nus s’exhibent dans une atmosphère étouffante. Les scènes imaginées par l’artiste sont intemporelles, aucun indice quant à l’époque, le lieu ou la caste sociale des personnages. Le mystère plane également sur leur âge ou parfois même leur appartenance sexuelle. Miroir de nos propres angoisses le public, les critiques et les passionnés reconnaissent largement son oeuvres aujourd’hui cependant, il a essuyé dans les années 80′ de lourdes critiques et controverses l’accusant de pornographie, notamment pour son traitement de la nudité.
Rapport entre l’art tribal et Jean Rustin
A priori, il n’y en a aucun, Jean Rustin ne parle nulle part d’une quelconque affinité avec l’art tribal. Cependant, le lien est là. Fort et puissant. A y regarder de plus près, lorsque l’on met côte à côte un masque ou une statue tribale avec une oeuvre de Rustin, l’alliance est naturelle. Dans les deux cas nous sommes regardés par un autre et à l’image d’un tableau de Jean Rustin, l’art tribal nécessite de contempler longement l’oeuvre, de s’imprégner de sa présence, de communiquer avec lui. Le visiteur en sort rarement indemne. Les oeuvres de Jean Rustin font également appel à nos peurs primitives et aux conduites hors-normes. L’art tribal communiquait le même message vers sa communauté d’origine.
Des masques et sculptures d’art primitif seront présentés durant l’exposition de Jean Rustin provenant de collections particulières belges et étrangères.
Une chose est certaine, nous ne ressortirons pas de la galerie comme nous y sommes entrés car les dessins de Jean Rustin sont aussi le miroir de nos propres angoisses, un miroir déformant qui nous dévêtirait pour ne laisser que les tréfonds de nous-même ; notre part animale et pulsionnelle. A voir jusqu’au 1er décembre 2012.
Schiller Art Gallery
Rue van Moer, 12 à 1000 Bruxelles
jusqu’au 1er décembre 2013, du jeudi au dimanche de 12h à 18h, ou sur rendez-vous.