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L’évocation du temps en photographie est un art tout à fait complexe. Comment à l’aide d’un média dont le résultat donne une image fixe peut-on parvenir à représenter le temps? Le temps qui serait révélé dans toute son épaisseur, toute sa longueur. Comment est-ce qu’un temps qui peut être passé et futur pourrait exprimer sa richesse dans une seule image?
“Photographier c’est comme une histoire, il y a un avant, un pendant, un après, un début, une fin”.
Imaginez une photographie où plusieurs personnes vaquent à leurs occupations respectives, un peu floue, et sentez le moment qui s’étire. Maintenant voyez quatre enfants qui regardent captivés un point sur une table, l’instant se contracte, il se fait plus précis.
Ces subtilités qui font naitre la durée où nous font capter une fraction d’action, Mélanie Patris les manie avec doigté et finesse.
Originaire du Tournaisis, Mélanie Patris a été contaminée très jeune par le mode d’expression familiale qu’était la photographie, pratiquée par un grand-père journaliste et entretenue par son père. Elle semble avoir profondément marqué chacune de ces trois générations.
Menant une carrière dans l’univers de la santé communautaire, et férue d’art-thérapie, c’est avec délectation qu’elle nous abreuve de ses clichés qui, si on y regarde bien, nous ouvrent les portes d’un monde intérieur. Les contrées d’Asie qui semblent s’imposer à elle nous apparaissent, sous son regard à la sensibilité si particulière, comme autant d’autoportraits, même quand ils n’en sont pas.
Au travers ses superpositions hasardeuses ou moins hasardeuses, elle voyage du jeu des images à l’essence de l’être sans pour autant nous exposer à la lourdeur crue des impudeurs.
Mélanie Patris parle de son travail très simplement, rien ne lui parait impossible. Elle va vers une mise au net de sa propre image en passant par toutes ces étapes qui lui paraissent nécessaires à cet éclaircissement, à ce retour aux sources. Elle explore chacune de ses facettes afin de dévoiler l’image, son image, sa vision du monde telle qu’elle le ressent. Elle veut partager ses envies au travers différents médias, parfois l’écriture. Elle le fait avec une maîtrise parfaite du temps, celui qui se transforme en usure, tellement présent dans ses prises de vues au Diana.
“Avant, il y a la personne, le paysage, le moment qui est là…
Puis, il se passe quelque chose, il y a un moment où je passe à l’acte.
Je sais que la photo est là.
Ce moment-là, et pas un autre sinon c’est trop tôt ou trop tard…
Il s’agit d’une fraction de seconde. Un infime moment où l’image prend forme dans mon esprit et …
« Clic » la photo est prise. Juste le temps de porter l’appareil à l’œil et d’appuyer sur le déclencheur.
J’aime ce moment car c’est là que les regards se croisent, que le paysage est le plus beau, que le moment est le plus intense…
Dans l’après de l’image, il y a la vie qui continue.
Chacun reprend sa route, le temps continue à couler…
Jusqu’au moment du développement…
Moment où l’image en question va réapparaître dans le révélateur.
Ce moment magique où je revis un peu l’instant figé sur le papier…” Mélanie Patris
Mélanie Patris.
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