Mimi en vacances, les voisins de plage

Les voisins de plage

Photo © Maxime Balon

Vacances, j’oublie tout, plus rien à faire du tout… le refrain entêtant ne me quitte pas pendant tout la préparation du départ.
Valise, chaussures, protection solaire, livres, lunettes, chapeau : check !
Plusieurs mois que j’attends ces vacances, cette année, plus que les autres, j’en ai besoin. Je compte bien en profiter.
Me voilà donc, avec ma tante, des livres et une carte Visa au bord de la Méditerranée. Le bonheur.

Jour #1

Nous choisissons une plage payante : peu de monde. Mer calme, vent doux. 40 degrés.
J’étale la crème solaire sur le dos de tata, elle m’étale la crème sur le mien et hop ! à l’eau. Juste parfait.


Jour #2

D’un commun accord nous allons au même endroit, mais dès le matin cette fois. Le scénario est presque le même. Excepté l’après-midi.
Après une petite salade à la terrasse de la plage pendant les heures les plus chaudes de la journée, nous regagnons nos transats en vue de faire une petite sieste. Sauf que, de nouvelles têtes se sont installées là.
Un groupe sur notre gauche, une famille sur notre droite.
Et d’un coup, l’atmosphère change. Au calme d’hier s’opposent les bavardages incessants de nos voisins de plage. Mazette …
Le groupe d’abord. Une brochette de jeunes gens. Filles/garçons. Francophones. Italo-Belge, tout comme moi. Pas besoin de leur demander, leur accent les situent illico sur la carte du monde. Jusque là, rien de bien dérangeant. Ce petit groupe a du se dire également « 
Tiens ! De nouvelles têtes » en nous voyant. Ceci étant dit, vu la pâleur de nos carnations à ma tante et moi-même, pas besoin d’avoir fait bac +5 pour deviner que nous venons seulement d’arriver.
Et vas-y que je parle fort, et vas-y que je raconte ma soirée d’hier – juste au cas où cela pourrait nous intéresser -. Et vas-y que je donne mon avis sur l’actualité et vas-y et vas-y… sauf que moi, monsieur, je me fiche de savoir toutes ces choses. Tu vois ce que je veux dire ?


Je suis couchée sur ce transat, je me force à faire le vide, à trouver le sommeil, mais rien à faire, dès que je semble m’assoupir, une inflexion dans la phrase, un mot dit (encore) plus fort et hop, je m’éveille… fichtre.
J’ouvre les yeux et observe le groupe. Celui qui parle le plus fort est bodybuildé à mort ! On dirait une caricature tellement ses muscles sont saillants. Et huilés. Mon dieu que je trouve ça moche. Il a une taille de guêpe, et des tas de biscoteaux nervurés prêts à exploser on dirait. Des cuisses qui me font penser à ces gros jambons fumés suspendus dans les fumoirs et des mollets de poulets hypertrophiés.
Dingue… Adepte de la salle de sport et de la gonflette, ça ne fait pas de doute.
Alors que les autres membres du groupe suggèrent un barbecue pour le soir, l’athlète que je surnomme Jérôme (comme le Jérôme des bandes dessinées
Bob & Bobette) insiste et répète à peu près sur tous les tons et en boucle « moi, je ne mange pas de gras, donc je veux du poulet » … waouh… Tu es en vacances mec, relâche la pression…


Mais cela n’est rien à côté de la petite famille à droite de nos divins transats.


Tout pareil : italo-belge (toujours l’accent). Il a dû y avoir une promo du côté de chez nous pour un charter tout droit atterri sur cette côte de la Méditerranée…
Un couple, 2 fillettes, une grand-mère. Jusque là, rien d’anormal me direz-vous. C’est vrai. Si il n’y avait pas eu cette petite peste qui a mené à la baguette son petit monde pendant toute l’après-midi !
« Vas chercher de l’eau ! » dit-elle de sa petite voix stridente.
Waouh… mais à qui peut-elle bien s’adresser cette fillette avec autant d’autorité et même de mépris ?
Je tourne donc la tête à droite, et je constate qu’elle s’adresse à celle qui semble être sa sœur. Ainée.
Palsembleu !
Et cette gamine se dirige vers l’eau pour remplir le seau que sa petite sœur lui tend sans la regarder.
Au même moment, la mère dit mollement : «  Tout doux, tout doux… » Comme on le dirait à un animal énervé.
Je crois rêver.
La mère : « Ne sois pas méchante avec ta sœur »
La peste : « Mais je ne suis pas méchante ! »
La mère : « Alors tu lui parles sur un autre ton… »
La grand-mère : « Il faut être gentille »
La peste : « Mais, je suis gentille ! C’est les autres qui sont méchants avec moi ! Moi, je les ai tous invité à ma fête, et eux, personne ne m’a invité ! »
Bin, si tu traites tout le monde comme tu traites ta sœur, faut pas t’étonner que tes camarades de classe te fuient !
La grand-mère : « Ce n’est pas grave. Toi tu as eu la gentillesse de les inviter, l’année prochaine, tu n’invites personne »
La petite peste continue de sa petite voix de crécelle à énumérer tout ce qui ne va pas dans sa vie, persuadée d’avoir raison.
Et le père d’asséner un « Bah ti, il y a plus de Belches sur cette plache qu’en Belgique ti… »
Là, précisément à cette minute, j’ai la nostalgie des vacances que je prenais hors saison lorsque toutes les petites pestes de la terre rentraient à l’école…
Il semble que le sommeil ai fini par me gagner. Mais peu de temps en fait.
La petite teigne faisait le tour de nos transats en scandant à voix haute : « 5 algues pour 2 euros, 5 algues pour 2 euros », elle essaye aussi d’imiter du haut de ses 7 ans, l’accent des travailleurs africains qui arpentent les plages de touristes pour vendre leurs pacotilles.
Cette gamine mérite une baffe !
Certes ce sont ses vacances.
Mais ce sont les miennes aussi. Ce qui me hérisse le poil plus que tout, ce sont cette mère et cette grand-mère qui laissent faire. Pourquoi ne va-t-elle pas jouer au bord de l’eau ? Ou à voix basse, mieux ! En silence ?
Pourquoi la laissent-elles passer entre les transats sur lesquels des gens – et moi en l’occurrence – essayons de nous reposer ?
Ma tante, qui n’a pas réussi à fermer l’œil, est excédée.
Nous décidons de partir.

Jour #3

Le lendemain, nous choisissons une autre plage, juste à côté. Les parasols y sont plus jolis. Les transats y coutent 1€ plus cher. Qu’importe. Nous voulons impérativement les éviter.
La journée se passe sereinement. Les gens y sont respectueux de leurs voisines de
lettini.
Tout est parfait dans le meilleur des mondes…
De loin, nous repérons les touristes de la veille ! Ouf ! Notre tranquillité nous coûte 1€ de plus, mais qu’importe.
Le dernier jour de plage arrive et nous nous installons dès le matin afin de bien en profiter. Demain, c’est le retour vers la Belgique avec une perte de 20 degrés.
Et comme un scénario déjà vu, tout se passe bien jusqu’à 16h.
Un groupe vient s’installer sur les transats d’à côté.
4 jeunes couples dont 2 avec bébés en couches culottes.
Seigneur…
« Silvio regarde au bébé… »
« Ben quoi… laisse le, il est bien là. »
Je me retiens de me retourner.
« Silvio… pfff… il mange du sappe ! »
Je crois qu’elle veut dire sable…
Dieu du ciel. Ces personnes vont passer leurs vacances en groupe. Avec Silvio, sa femme angoissée et leur bébé. Pour eux ça ne fait que commencer.
Pour nous c’est terminé.
Et tant mieux, parce que je n’avais pas envie de chercher un autre endroit pour me dorer la pilule !

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