Mimi et la ménopause, c’est tout un roman.
Elle : “Ah ben voilà, c’est vide, il n’y a plus rien !”
Moi : “Quoi !?!?!?”
Elle : “C’est fini. Votre ménopause est effective.”
Moi : …
Je savais que ce jour arriverait c’est certain, mais dans mon esprit c’était un peu comme la chance de gagner au loto. Ou comme le Godot de Samuel Beckett. Ça n’arrive pas. Jamais.
Pour le coup, force est de constater que ça y est, j’y suis. Ce n’est même pas que « ça » commence, non, « ça » a eu lieu. Sans que je ne m’en aperçoive.
Passé inaperçu ?
Comment est-ce possible ?
“C’est possible” me répond la gynécologue.
Me voilà bien !
Le seul mot qui fait écho à « ménopause » dans mon esprit, c’est « périmée ».
Je sors du cabinet, déprimée, comme si tout à coup, la jeunesse, ce qui faisait que j’étais moi et une certaine forme de liberté avaient pchiiiit, disparus !
Je téléphone en pleurs à mon amoureux pour lui annoncer la nouvelle persuadée qu’il va compatir. Mais non, il trouve même que c’est une bonne nouvelle.
Lui : Tu vas être tranquille maintenant, c’est bien non ?
Moi : Naaaaaaaaan … dis-je en pleurant, bouleversée.
De retour à la maison je suis sonnée, désorientée. KO debout.
Ménopause, ménopause. Ça tourne en boucle. Déjà ?!
Entre 2 sanglots, je me dis que c’est terminé, je ne pourrai plus jamais avoir d’enfants si par hasard je changeais d’avis.
Une petite voix me dit alors mais tu n’as jamais voulu en avoir !
Moi : Oui, c’est vrai, mais si je changeais d’avis…
La petite voix : A 48 ans ? C’est une blague ?
Oui, c’est vrai aussi ça, que veux-tu faire avec un bébé, là, maintenant !?
Le choc passé, je me dis que, à bien y réfléchir, ne plus composer avec les menstrues, ça peut avoir du bon. La preuve, je retrouve des protections hygiéniques dans tous mes sacs… Absolument tous ! Et j’en ai quelques-uns.
Je pourrais même faire une étude comparative du packaging tant j’avais l’angoisse que ce sang puisse arriver n’importe quand (ce qui était un peu sa spécialité pour tout dire). Et mon stock est impressionnant. Ma belle-fille a vu arriver les paquets avec bonheur. Un an de protection au bas mot.
Mais alors, me dis-je, ces kilos amassés, ce n’est pas forcément ma gourmandise, c’est la ménopause !!!!
Saleté va !
Parce que c’est aussi, et surtout ça, la ménopause, les amas de graisse qui migrent, s’installent ailleurs et forment comme une ceinture capitonnée autour des hanches, des cuisses, des bras. Ça déborde de partout. Les seins deviennent énormes. L’attraction terrestre est mortelle. Le corps se transforme. De loin, j’ai la silhouette d’une matriochka.
Je ne peux pas fêter mes 50 ans ronde comme une outre et molle !
Je décide donc de faire du sport et je m’épuise en salle. Sauf que cette saleté ma refilé en sus, de l’arthrose, ou de l’arthrite, (je ne sais plus) et j’ai mal partout !
Même aux doigts. Oui, les doigts ! Je les vois se déformer au gré de je ne sais quelle force mystérieuse.
Piscine !
Cette idée arrive comme une révélation.
C’est plus doux, et pour mon squelette, c’est la solution qui me semble être la plus adaptée. A moi le bassin. Préparez-vous, la nouvelle Esther Williams est dans la place ! J’opte pour des séances d’aquafitness (version hype de l’aquagym), mais lorsque je saute dans l’eau, on dirait un pudding en perdition, ou un gâteau à la jelly qui serait pris de convulsions, ça bloblotte de partout ! Par moment j’ai même peur de perdre un morceau tellement ça bouge ! Au secours…
Qu’est-ce que je vais faire avec tout ce gras ? Avec ces douleurs diffuses partout et tout le temps, avec ces doigts presque crochus… ?
C’est dingue ce que cet état induit comme changements.
J’en ai d’autres !
Par exemple : ma température corporelle a sensiblement augmenté.
“Le thermostat” a plaisanté la gynéco. Oui, c’est ça. Le thermostat.
Je me rappelle avoir regardé avec compassion certaines de mes collègues plus âgées qui transpiraient au point qu’on aurait dit qu’elles s’étaient passé la tête sous l’eau.
Moi, je n’ai pas eu ces attaques-là, non, et heureusement d’ailleurs !
Mais je n’ai plus froid. Jamais. C’est un côté qui ne me déplaît pas je dois bien admettre. Fini les Damart force 4!
Autre changement : la qualité de la peau : plus sèche !
Les cheveux qui ternissent et blanchissent. Mazette, je deviens une experte en shampoing colorant fait à la maison. Je ne veux surtout pas me retrouver chez la coiffeuse, au bac de lavage à côté d’une mamy qui vient faire son Plix !
Non, ça c’est beaucoup, beaucoup trop tôt ! Je ne suis pas prête.
Et que dire des poils au menton !!!
Ah oui, c’est normal m’a dit la gynéco, les hormones, les hormones…
Fichtre ! Me voilà à troquer les protections périodiques contre une pince à épiler! Dès qu’elle disparaît de la petite trousse de survie en milieu urbain, c’est la panique. Comment ôter ces poils que je ne saurai voir…?
Parce qu’évidemment, la vue aussi évolue et baisse, et le petit poil qui pointe sous le visage, et bien parfois, je ne le vois pas lorsque je suis dans la salle de bain à le traquer sans relâche à l’aide de mon nouveau miroir grossissant (30x) !
Depuis, je me tartine de beurre de coco pour nourrir ma peau, certains soirs, la couche est tellement épaisse que je ressemble à une sardine sortie de sa boîte tant je brille. Ne surtout pas glisser sur le carrelage avec les pieds huileux… Manquerait plus que ça, un os cassé !
J’ai toujours un kit de coloration inratable d’avance à la maison pour parer à toute éventualité. Mais dès que tout mon scalp sera gris, j’arrête les colorations. Promis à moi-même.
Je m’agite dans un bassin pour maintenir une certaine souplesse des articulations. J’ai renoncé, de guerre lasse, à une silhouette de sylphide.
Je fais attention à mon look histoire de ne pas faire « mon âge » mais ne pas verser dans le jeunisme non plus, qui d’office, me cataloguerait « pauvre vieille qui refuse le temps qui passe ».
J’ai bientôt 50 ans. Certains disent que je ne les fais pas. En revanche, je les sens, mais jusque-là on va dire qu’en façade ça va, j’ai de bons gènes, enfin je crois.
Le truc c’est que la société met une pression certaine sur les femmes – plus que sur les hommes d’ailleurs – qui se soucie de leur andropause ?? – et que l’on veuille ou non, nous sommes toutes de près ou de loin touchées par cette pression. Il y a des mots qui résonnent comme des couperets.
Le choc passé, les crèmes achetées et l’abonnement payé, je me retourne vers ce nouveau chapitre, avec l’envie d’en profiter. Maintenant, je ne dois « plus faire attention », le métronome s’est arrêté, c’est confortable. L’autre moitié de la vie s’ouvre avec tout ce qu’elle à offrir (ou pas), mais bien au-delà de la réalité physiologique, il y a la sémantique. C’est décidé, je m’en fiche. Comme il y a eu la puberté, il y a la ménopause. Une évolution nouvelle. Comme le dit si bien Sophie Fontanelle dans son livre « Une apparition », à un certain âge, il n’y a plus grand-chose de complètement nouveau qui peut nous arriver. Sauf si on décide d’en faire une découverte et pas une fatalité.
Et oui, je me suis trompée, ménopause n’est pas synonyme de péremption. Je dirais que c’est plutôt synonyme d’évolution et de
libération !