Les humeurs de Mimi à Noël

Mimi adore Noël, mais pas du tout les préparatifs !

Les Humeurs de Mimi à Noel © Photo -les-anderson-175604-unsplash

C’est un lieu commun mais j’aime cette période de l’année : les lumières qui clignotent, les magasins et les villes scintillants, les maisons décorées, les sapins partout. Penser aux cadeaux qui feront plaisir, imaginer la fête de Noël parfaite un peu comme dans ces comédies américaines où tout est parfait du début à la fin du générique : la neige, le brushing de l’héroïne – en l’occurrence : moi ! – la décoration de la maison, les gens croisés toujours d’humeur égale et bienveillante, les parents gentils comme tout et jamais énervés, le menu délicieux qui se prépare presque tout seul avec des convives ravis d’être là.

Sauf que dans la vraie vie, c’est rarement le cas.

Déjà, le poids de la tradition, pesante. Repas de famille, menu de circonstance. À cela se greffent les invitations qu’il faut lancer. La tenue parfaite : confortable et suffisamment chic. Et, enfin, le cadeau ad hoc pour chaque invité.
Et pourquoi pas un tirage au sort cette année… ?
Ah ben non, trop tard ! Je n’en ai pas parlé suffisamment tôt, les achats ont commencé!
Quoi, déjà!?!?.
Donc vite faire une liste et ne pas se ruiner surtout ! Et puis il y a le menu.

LE MENU !

À l’envie de faire original, s’oppose le poids de la tradition. Il y a des mets qui ne se cuisinent qu’en période de fête de fin d’année : la dinde farcie, le foie gras, les huîtres, la sauce tomate aux sardines et fenouil sauvage (importante cette précision), les cannoli à la ricotta, et j’en passe parce que lorsque la famille est de sangs mêlés, toutes les traditions s’additionnent et donc les plats se multiplient et, comme choisir c’est renoncer, tout est mis au menu !
« Pas grand-chose hein !? »
Oui, sauf que dans le même temps, je me dis que je dois en faire suffisamment pour que tout le monde puisse goûter. . . C’est très bien tout ça, mais donc ça veut dire que je passe des journées entières en cuisine moi!!
Mazette, je peux oublier le brushing parfait…
Vive le bandeau sur les cheveux pour éviter qu’ils ne se retrouvent dans les plats.
Alors là, comment dire, arrive la liste des doléances des invités trop heureux de n’avoir rien à préparer mais qui veulent quand même bien manger ce jour-là :
– Allergies aux poissons et crustacés. Je peux oublier les huîtres et le plateau de fruits de mer, la queue de lotte ou le homard, les crevettes, les scampis, les coquillages et toute la mer en fait.
– Intolérance aux lactose et produits laitiers de vache. J’oublie la raclette, le gratin dauphinois, le plateau de fromage. La crème fraîche, le sabayon, la bûche glacée et j’en passe.
– Allergie aux pommes-de-terre, à l’avocat et aux carottes. Là je soupçonne quand même que ce soit juste pour m’embêter. Est-ce possible ça, une allergie aux carottes?
– Les Vegans ! Mes préférés. Là s’évanouissent  les viandes, les cochonnailles, le foie gras, les œufs de cailles, de poules, d’esturgeons, loemps, et tout ce qui, de près ou de loin, est issu d’un animal vivant.
Vas-y toi concocter un menu avec cette liste de restrictions…

Et si je faisais juste une salade, sans oeufs ?

Mieux!
J
e change la liste des invités ! Débrouillez-vous avec vos inconforts respectifs après tout!
Je prétexte un embarras de dernière minute et hop, je règle le problème des allergies.
Là, se profile la soirée avec le tonton qui vote très très  à droite. Et vu la conjecture actuelle, c’est certain, on va se brouiller avant la fin de l’apéro.
Si ça te trouve, le temps de traverser le couloir, nous serons déjà en totale désaccord et il sera temps de le raccompagner à la porte..
Ensuite, allez savoir pourquoi, je pense au petit cousin qu’on ne voit jamais qui accepte de venir cette année et il annonce qu’il sera accompagné d’une fiancée et d’un bébé dont personne n’a jamais entendu parler !
« Ah… elle n’est pas la mère de ton fils… ? Qui n’a que 8 mois… aaaah … ça veut dire que… »
Oh ben non, après tout, cela ne nous regarde pas !
Et puis il y a la femme ultra sexy de l’autre cousin, celui que je vois régulièrement, qui a le don de trouver des tenues extravagantes alors que nous sommes « juste en famille » , la même qui, il y a quelques années, a transformé le tonton-qui-a-viré-très-à-droite en Loup de Tex Avery avec un décolleté si profond et une jupe si courte que j’ai cru que le tonton allait nous faire une attaque !  Les yeux exorbités.
Sauf que tout ce beau monde a accepté de venir, qu’ils seront donc tous autour de la table. Ma table.

 

La liste des courses faites, je me dirige vers les magasins bien décidée à garder mon calme quoi qu’il arrive. Les files d’attentes seront longues que ce soit aux comptoirs ou à la caisse. Les places de parking seront denrées plus que rare, mais rien n’y fera. Je resterai calme, heureuse d’être là dans cette quête qui sera devenue mienne : rapporter dans la cuisine tout ce qui va me permettre de préparer le repas de Noël de l’année.

Même ce Néandertalien, qui n’a pas voulu faire une petite manoeuvre avec sa petite voiture afin que je puisse prendre sa place, ne doit toujours pas en être revenu de mon flegme lorsque je lui ai rappelé que lui avait des surgelés dans son coffre et que moi, je venais d’arriver et que donc, je pouvais me permettre d’attendre le temps nécessaire pour qu’il comprenne que c’était à lui de bouger sa foutue bagnole dans l’autre sens et pas à moi de manoeuvrer !

J’ai gagné.

Je me retrouve le jour J à ne plus savoir comment je m’appelle, je cuisine depuis 2 jours.
Le réveillon tourne court : je m’endors dès la fin du repas.
Le lendemain, jour de Noël, je suis fourbue, mais il faut maintenant terminer de préparer les plats pour les convives qui arrivent à 13h.
La table est dressée, tout n’est pas comme je l’aurais voulu, mais peu importe. Les bougies sont allumées, la déco est simple mais jolie. Ils sont là. Nous attaquons l’apéro, ils semblent apprécier.
Le reste du repas se passe comme je l’avais imaginé.
Nous nous relayons à la vaisselle, ça permet de digérer un peu entre chaque couvert. Les rires fusent. Personne ne parle politique. Les grands enfants jouent avec les plus petits. Ils semblent tous heureux d’être autour de cette table.  L’esprit de Noël est là.
Tout le monde est content. Et moi, je suis ravie.
Cette année encore, le pari est réussi.
La fête a été belle. Les plats sont presque tous vides. Tout le monde est repu.
J’aime cette idée de partage. De famille, d’amis réunis autour d’une table accueillante et de partager des mets que j’espère savoureux.

Ah flûte, nous ne sommes que le 21 décembre et tout est encore à faire !

Ordre et méthode : commençons par imaginer un menu !