Lecture et engagement !

En avril, mois du poisson, j’ai fait un excès de bulles, mais uniquement celles des bande-dessinées et autres mangas. C’est meilleur pour la santé et ça évite les migraines! Alors forcément, dans mes meilleures lectures, le graphique s’impose. Mais pas seulement ! Puisqu’un essai a aussi fièrement sa place.

Leur point commun à tous les trois? L’engagement, que ce soit pour l’écologie, pour la tolérance ou pour le féminisme. Je vous propose donc de découvrir trois lectures fortes, porteuses de messages essentiels et qui, chacune à leur manière, sont essentielles.

Un océan d’amour de Lupano et Panaccione
paru chez Delcourt dans la collection Mirages

Chaque matin, Monsieur part pêcher sur son petit bateau aux larges des côtes bretonnes. Mais ce jour-là, il se fait attraper par un bateau usine qui n’a pas vu le petit pêcheur coincé dans ses filets. Madame l’attend au port, mais Monsieur ne revient pas… Un Océan d’amour est une bande dessinée muette (mais avec de nombreuses mouettes) qui nous rappelle que les mots sont superflus pour transmettre une émotion. Magnifiquement illustrée par Panaccione, cette histoire de Lupano nous fait passer du rire aux larmes et nous touche en plein coeur. Les messages écologiques qui la parsèment sont percutants sans être moralisateur et l’attachement pour ce couple dont l’amour qu’ils se portent se lit dans chaque geste est absolu et immédiat. Cette histoire fabuleuse est un véritable chef-d’œuvre qui nous fait pleurer autant qu’il nous fait rire et qui nous désespère ou nous touche autant qu’il nous anime et nous transporte. Un vrai petit bijou.

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Moi, ce que j’aime, c’est les monstres: livre premier de Emil Ferris (traduction de Jean-Charles Khalifa)
paru chez Monsieur Toussaint Louverture

Chicago, fin des années 1960, Karen est une jeune fille passionnée par les monstres qui s’imagine loup-garou. Lorsque sa voisine Anka est découverte morte dans son appartement, Karen qui ne croit pas à la thèse du suicide décide de mener l’enquête en découvrant son histoire qui commence en Allemagne nazie. Ce roman graphique de 400 pages, entièrement illustré au bic, est une oeuvre d’art à part entière. Les illustrations sont d’une richesse épatante et les portraits nous saisissent par l’émotion qu’ils portent. Les références culturelles vont de la pop culture des pulps aux plus grandes oeuvres de l’histoire de l’art et la mise en page dynamique est sans cesse renouvelée. Graphiquement c’est parfait. Mais l’intrigue, elle aussi, est magistrale! Emil Ferris parle de différences et du rejet de ces dernières avec une portée à la fois universelle et intemporelle. Ses monstres, ceux auquel elle crie son amour, ce sont tous ceux qui ne sont pas dans la bonne norme, à la bonne époque, au bon endroit. Ce roman graphique parle également de moments historiques forts, de l’enfance teintée de rêves et de souffrances ainsi que d’espoir.  Elle mérite grandement le Fauve d’or d’Angoulême 2019. En bref, moi ce que j’aime ce sont les monstres d’Emil Ferris.

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Sorcières: la puissance invaincue des femmes de Mona Chollet
paru chez Zones

Dans cet essai, Mona Chollet part des chasses aux sorcières pour expliquer les images négatives des femmes au fil de l’histoire et parler des mouvements féministes actuels qui reprennent l’image de la sorcière en étendard. Aujourd’hui, les références à la sorcellerie entourent en effet encore le monde féminin et impliquent le rejet de certaines femmes que l’autrice aborde en 4 chapitres, les célibataires et indépendantes, les femmes sans désir d’enfant, les vieilles femmes ou encore les femmes aux connaissances scientifiques. Avec son ton un peu piquant et sa plume vive, Mona Chollet propose un essai qui se dévore comme un bon roman et qui, malgré sa richesse, reste toujours accessible. Un essai passionnant qui initie le débat et la réflexion, qui nous apprend beaucoup, y compris sur nous-mêmes et donne le sentiment de ne pas être si anormale que ça quand on entre dans une ou plusieurs de ces catégories. Une petite mine d’or d’informations essentielles et de punchlines caustiques qu’il convient d’avoir toujours près de soi pour oser s’assumer telle que nous sommes. En tout cas, grâce à Mona Chollet, je suis aujourd’hui fière d’annoncer que je suis une sorcière!

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Chaque mois, Yuyine partage avec les lecteurs de dKLIKK ses plus belles lectures. 
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