Evasion au Musée de la Photographie de Charleroi

Avec ses trois nouvelles expositions, le Musée de la Photographie de Charleroi nous emmène en voyage. Voyage au coeur de l’Afrique avec Songs of the Walés de Patrick Willocq. Voyage en Corrèze et au coeur de la vie du photographe Olivier Cornil avec Dans mon jardin les fleurs dansent et pour finir, Jacques Meuris, plus connu comme homme de lettres que comme photographe nous emmène de Miami en catalogne, en passant par Bruxelles et la Sicile dans l’exposition intitulée L’expérience photographique.

Songs of the Walés

"La Walé à la balançoire" © Patrick Willocq / courtesy Project 2.0 / Gallery

“La Walé à la balançoire” – Lokito – la bruyante.Village d’Ikoko. Clan Itele. © Patrick Willocq / courtesy Project 2.0 / Gallery

L’exposition Songs of the Walés est une immersion visuelle et sonore dans l’univers des Walés (signifiant “femmes qui allaitent”). Elle est non seulement composée de tableaux photographiques, de portraits, de wallpapers, d’installation, d’images du making of, d’un film documentaire mais aussi ponctuée par des chansons des Walés. C’est dans la forêt équatoriale du Congo que certaines femmes pygmées, mères pour la première fois et appelées Walés, vivent recluses avec leurs enfants au milieu d’autres femmes chargées de leur bien-être. Pendant ce temps de réclusion, elles doivent créer un spectacle de danses et de chants pour le grand jour : leur libération. Depuis plusieurs années, le photographe Patrick Willocq traduit les chants des Walés en images, au plus près du vécu de ces jeunes mères, actrices très complices de sa démarche, et tente ainsi de percer les mystères de ce rite initiatique ô combien symbolique. Il cherche le meilleur moyen pour raconter une histoire chère aux jeunes mères, muées en comédiennes, en leur demandant leur participation, en les écoutant, en créant un décor, en mettant en scène leur vie et leurs désirs, en réalisant avec elles des castings. Le décor, les couleurs, les personnages, tout est pensé, rien n’est saisi à la sauvette.

Dans mon jardin les fleurs dansent

De la série Dans mon jardin les fleurs dansent © Olivier Cornil

De la série Dans mon jardin les fleurs dansent © Olivier Cornil

Olivier Cornil livre en ces images de la série “Dans mon jardin les fleurs dansent” le résultat d’un travail récent et très personnel à propos de sa mère et du cercle familial, mené en Corrèze entre 2002 et 2018, s’attachant aux gens autant qu’aux éléments et au paysage. Ce travail nous parle de l’absence et de la mort, des errances du quotidien.

“Dans mon jardin les fleurs dansent est une série entamée il y a quelques années, à Bugeat, en Corrèze, où ma mère a décidé d’aller vivre.
C’est l’histoire simple, mais comme beaucoup d’autres pas toujours facile, d’une femme, d’une mère, de liens, de ruptures, de deuils et d’envies.
De résignations et de renouveau, de souvenirs, de pleurs et de rires. Des images de là-bas et des textes d’ici.
Une histoire. Hier, douloureuse. Belle, aujourd’hui.”

Olivier Cornil

L’expérience photographique

Palamós, Catalogne, 1955 © Succession Jacques Meuris

Palamós, Catalogne, 1955 © Succession Jacques Meuris

La troisième exposition proposée concerne les images plus connues ou attendues de Jacques Meuris, mais elle fait également la part belle à une sélection de séquences puisées au sein de ses planches-contacts. De fait, au décès de cette figure atypique de la sphère culturelle belge en 1993, son épouse Fernande Duchateau fait don de toute sa production photographique et des tirages au Musée de la Photographie à Charleroi. L’étude de ces négatifs, réalisée en collaboration avec le photographe Marc Trivier, permet de mieux cerner le cheminement de la pensée pho- tographique de Meuris, mais également la diversité de ses démarches et de ses recherches.

 

Pour clore, allez vous enfermer dans

“La boîte noire”

qui nous propose deux films de l’artiste Meggy Rustamova. Le premier “L’invitation au voyage”” emprunte son titre au poème de Baudelaire écrit en 1857. Le deuxième trouve son origine dans la volonté de Meggy Rustamova de photographier un arbre d’Hiroshima au Japon. Le lieu choisi n’est pas anodin : il évoque dans l’imaginaire collectif la guerre atomique. Celle du passé mais également celle contemporaine qui menace notamment les États-Unis et la Corée du Nord. Rustamova exprime ce danger latent au travers de ses tirages surexposés qui s’additionnent jusqu’à mener au « white-out » complet. La partie centrale du film, l’arbre, est présentée sans contexte. Il pourrait être enraciné à Paris, Bruxelles ou Amsterdam, renforçant l’aspect universel de la question atomique.


Expositions à voir jusqu’au 12 mai 2019
Musée de la Photographie de Charleroi
Avenue Paul Pastur, 11 – 6032 Charleroi (Mont-sur-Marchienne)
www.museephoto.be
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