Quand féminisme se marie avec vintage
Dépéchée par dKLIKK, c’est à Erquelinnes que je dois rencontrer Diane Delafontaine, plasticienne féministe, pour l’interview « coin de table » du numéro Vintage que vous tenez dans les mains, enfin presque.
Un rendez-vous, une adresse, un plan griffonné, encore une petite recherche sur le net pour essayer d’avoir une preview de mon sujet… Et zou, j’y vais !
«Quand j’ai acheté la maison où j’habite maintenant, dans le grenier j’ai découvert des caisses de vieilles revues de mode, car l’ancienne propriétaire était une couturière. J’ai été tout de suite attirée par ces vieilles publicités qui montraient des femmes souriantes, bien habillées, épanouies dans les travaux ménagers et autres «occupations féminines »… Pourtant on sait bien ô combien c’est faux ! Alors, sans trop y penser, je me suis mise à les découper, à les retravailler, et voilà que mes premiers collages ont vu le jour. Depuis, j’ai souvent puisé mon inspiration des manuels d’éducation des jeunes filles ou pour femmes des années 50.»
Diane Delafontaine, extrait « axelle » avril 2012
Autant vous le dire tout de suite, j’ai mis un certain temps à comprendre ce qu’était le Vintage. J’ai eu besoin d’un cours de rattrapage de mon rédacteur en chef, et d’un deuxième, de visites de lieux mythiques et de rencontres avant de commencer à saisir qu’il y avait vintage et Vintage, esprit vintage et puristes, vieux brols et objets délicieusement désuets.
C’est en entrant chez Diane que mes doutes se sont envolés. Si Vintage il doit y avoir, c’est ici qu’il crêche. Les murs, la déco, la dame que je suis jusqu’à la cuisine, la chaise qu’elle me propose… Je me suis sentie comme Alice qui suit le lapin blanc, tombée dans le monde décrit plus avant par mon rédac’chef. Sauf que ce monde rajoutait un paragraphe à la définition déjà complexe, le Vintage c’est aussi un « art de vivre en accord avec de l’authentique durable, des objets du-temps-où-les-objets-avaient-une-durée-de-vie ».
Diane Delafontaine m’a timidement ouvert la porte de son univers fait de petits cadres, de déoupages de vieilles revues, de collages et de textes à la fois périmés et terriblement d’actualité. Super-maman active, féministe, elle travaille chez Vie Féminine, bien loin des ateliers tartes d’antan, Vie Féminine «l’égalité pour changer».
«Il est difficile pour moi de dissocier les illustrations de mon engagement féministe. Au quotidien, notamment dans mon travail, je suis confrontée au vécu des femmes. Il s’agit souvent de parcours difficiles, voire douloureux. Pour moi, la créativité est une manière d’exorciser et d’ironiser ce qui enferme, encore actuellement, les femmes dans des carcans discriminatoires.
L’illustration permet de pointer les stéréotypes véhiculés dans notre société en utilisant l’ironie. C’est un espace de liberté pour dénoncer des mécanismes inégalitaires dont les femmes sont encore aujourd’hui victimes.
La matière première de mes illustrations s’inspire principalement de textes ou d’images des années 50, 60 (de magazines féminins, marabout flash,…). Mon travail s’agrémente également aujourd’hui d’écrits plus récents, notamment via Internet qui prodigue un nombre incroyable de conseils stéréotypés aux femmes.
Je souhaite mettre en avant l’effet pernicieux des petites discriminations quotidiennes. Celles qui ne se voient plus, celles qui structurent la société, celles contre lesquelles il est parfois difficile de se mobiliser parce qu’elles sont inaperçues, invisibles… ou considérées comme ‘normales’.»
Les collages de Diane Delafontaine sont lumineux, décalés, à la fois légers et lestés de mots biens intentionnés, parfois déclinés en bijoux juste pour le plaisir.
http://thermodynamique.be
Thermodynamique sur Facebook