Le Musée de la photographie nous fait faire le grand écart. Trois expositions, trois thèmes bien différents qui peuvent toucher la corde sensible, choquer, amuser mais quoiqu’il en soit, trois expositions qui ne vous laisseront pas indifférents.
A love supreme de Liliane Vertessen
Pour une fois si je peux me permettre l’expression, ce ne sont pas des photographies accrochées aux murs qui nous accueillent mais bien une véritable mise en scène.
Beaucoup de rouge, des néons, de la fourrure. Dès l’entrée, le ton est donné. On sait que l’on va plonger dans une ambiance rock’n’roll, décalée rattachée à la période underground.
Liliane Vertassen, photographe et musicienne est une artiste à part. Souriante, discrète et modeste, elle nous livre son corps mit en scène.
“Voici bientôt 40 années que Liliane Vertessen livre aux regards les photographies de son corps, comme autant de rendez-vous avec elle-même, au risque parfois de méprise. Rien de moins impudique en effets que cette artiste opposant aux commentaires gras le silence ou l’indifférence. Si la pose, le vêtement, l’angle de la prise de vue, la présence de néons ou de paillettes peuvent quelquefois évoquer l’ambiance du “Peep-Show” – lequel s’avère aujourd’hui bien désuet-, la franchise du regard, la phrase affichée en lettres lumineuses affranchissent pour qui sait y voir tout malaise, de toute équivoque avec l’autophotographe : le regard en vient vite à se détacher de ce corps fier, des attributs qui le couvrent partiellement pour se porter vers une perception plus générale de l’oeuvre au travers des séries au formats ou supports semblables, tels ces plaques émaillées ou ces caissons lumineux. (…) “ nous explique le directeur du Musée de la Photographie, Xavier Canonne. Et il ajoute “L’on est loin ici du réflexe narcissique du selfie – souriez, voyez où je suis et avec qui, et comme je suis heureux – que suscitent principalement le lieu et le décor identifiable, l’oeuvre à laquelle l’on tourne le dos, celle ou celui qui vous accompagne, quand ce n’est al vedette que l’on immobilise un instant devant le bras tendu pour remplacer l’autographe devenu lui aussi bien désuet, autant de “certificats de présence” essaimés au gré des “amis”. Pour Liliane Vertessen, le corps est matériau, tel celui de la danseuse, que l’on ne pourrait guère plus qu’elle taxer d’exhibitionniste, un corps sexué, affirmé, loin d’un érotisme de boudoir aux photographies retouchées, un corps en scène, un corps à l’oeuvre laissant son empreinte avant que de quitter le miroir, un corps comme une insoumission. Par ces multiples autoportraits, autant de miroirs pour une seule Liliane jouant de son propre reflet pour mieux le troubler, et nous troubler à notre tour.”
Ensuite, le Musée de la photographie nous propose une exposition plus ludique autour du chat, sujet prisé des artistes qu’ils soient photographes, peintres ou encore écrivains…
“Entrechat”
réunit soixante photographies et vidéos venant de divers fonds photographiques et collections rendant, l’espace d’un instant, la place qui revient au Chat dans l’art.
Pour finir, dans la petite Chapelle du Musée,
Emosong
qui nous propose une série de portraits réalisés par Giancarlo Romeo.
Cette série est née de son désir de réaliser un projet avec les résidents du centre de jour où il travaille, “Le phare”. Il a proposé un atelier aux personnes du centre qu’il côtoyait depuis longtemps. Des hommes et des femmes en situation de handicap mental, visuel, auditif et/ou moteur à qui il a fait endosser le rôle de modèle mais également celui d’assistant. Giancarlo Romeo a utiliser la musique pour faire venir les émotions à ses modèles. Il leur a demandé de choisir une chanson très importante pour eux et pendant la prise de vue, il a passé la chanson qui a déclenché en eux une foule d’émotions. Il en résulte une trentaine de portraits en noir et blanc délicates, puissantes ou parfois dures, conçues dans un grand respect où les modèles laissent libre cours à leur expression fixée au juste moment sur le papier argentique.
On vous conseille vivement le catalogue “Liliane Vertessen. A Love Suprême”. 192 pages et 190 illustrations qui vont vous plonger et vous faire mieux comprendre le monde de la photographe.
Si vous êtes amoureux des chats et de la photographie, postez les images de vos félins sur instagram avec le #entrechatsmpc et qui sait, elle sera peut-être accrochée au mur du musée.
“A Love Supreme” Liliane Vertessen
“Entrechats”
“Emosong” Giancarlo Romeo
Jusqu’au 16 septembre 2018 au Musée de la Photographie
Avenue Paul Pastur, 11 – 6032 Charleroi (Mont-sur-Marchienne)
www.museephoto.be
Suivre le musée de la photographie sur Facebook – Instagram