Yuyine fait sa rentrée
Ce n’est pas avec un cartable mais avec un tote bag (aux couleurs de dKLIKK bien sûr) que j’ai entamé cette rentrée. Une rentrée littéraire, évidemment. Cet « évènement » qui m’exalte autant qu’il me repousse, puisqu’il fait disparaître dans les limbes des pépites qui ne parviennent pas, dans la masse, à se faire entendre face aux grands noms.
De ce fait, malgré la multitude de sorties proposée, je ne me suis pas concentrée uniquement sur les nouvelles parutions pour choisir mes lectures du mois de septembre. Je ne vais donc pas vous proposer un échantillon uniquement marqué du sceau de la dite rentrée pour cet article. Au programme, un livre de début d’année, un à paraître en novembre, et tout de même un tout juste paru mais qui fait partie des pépites à côté desquelles il serait bien dommage de passer.
Débâcle de Lize Spit, paru chez Actes sud
Une couverture qui interpelle (photographie signée Frieke Janssens), des critiques unanimement positives… on peut dire que ce premier roman de la jeune autrice belge (néerlandophone) a fait grand bruit ! Et, après ma lecture, je peux vous assurer que c’est entièrement mérité. Nous y suivons le personnage d’Eva, adulte au début de l’ouvrage, qui repense à son enfance dans le village flamand de Bovenmeer. Enfance, qui, si elle n’est pas franchement toute rose, est égayée par son amitié avec les deux seuls autres enfants né là-bas en 1988. On les appelle même les Trois mousquetaires. Mais l’adolescence arrivant, les liens sont plus distants, et lorsque les garçons organisent un petit jeu malsain et qu’ils donnent à Eva un rôle de complice malgré elle, c’est tout un cercle vicieux qui se met en marche jusqu’au paroxysme final, que dis-je… la claque. Si la couverture choque, l’intrigue va beaucoup plus loin. C’est dérangeant, très marquant et profondément oppressant de réalisme. Et pourtant, impossible pour le lecteur de lâcher l’ouvrage tant Lize Spit, par sa plume cinglante et par sa maîtrise absolue du suspens, nous a emprisonné dans sa toile, nous donnant un rôle de témoin passif dont on ne ressort pas indemne.
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Seconde humanité d’Adrien Mangold, à paraître le 9 novembre aux éditions de L’Homme sans Nom
Premier livre de l’auteur, Seconde humanité est un roman d’anticipation particulièrement épatant, qui plaira autant aux amateurs du genre, qu’aux lecteurs novices curieux de dépasser leurs aprioris sur un genre mal-aimé (à tort !) : la science-fiction. L’histoire se situe dans notre futur, après l’effondrement écologique de la planète et la reconstruction d’une nouvelle civilisation par les survivants. C’est un univers foisonnant qui nous est proposé, logique, bien pensé et original, mais surtout très accessible. Nous y suivons un jeune scientifique qui va se trouver confronter à une épidémie malheureusement échappée de son laboratoire et qui, dans sa recherche d’antidote, tente de chercher la réponse dans un mystérieux manuscrit qui lui a été remis. Ce manuscrit raconte une histoire qui s’est déroulée juste après l’effondrement écologique, alors que les survivants se faisaient la guerre pour le contrôle de ce qui allait les sauver. Et cette histoire, nous allons aussi la lire, comme notre personnage. C’est un roman dans le roman, un livre dans le livre ! Et croyez-moi, ces deux histoires sont toutes les deux passionnantes. Des intrigues intenses, des personnages bouleversants, une écriture très poétique… Seconde humanité est un excellent premier roman qu’il ne faut pas louper le 9 novembre prochain.
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Les bracassées de Marie-Sabine Roger, paru aux éditions du Rouergue dans la collection La Brune au Rouergue
Petite pépite de la rentrée littéraire, Les bracassées est un roman « feel-good » inoubliable. Les héroïnes de ce roman sont, comme qui dirait, un peu particulières. Fleur, 76 ans, est une femme obèse et agoraphobe qui vit cloîtrée chez elle avec son chien, lui aussi obèse. Harmonie, 26 ans, est atteinte du syndrome de Gilles de la Tourette et ne peut donc s’empêcher de lancer des insultes à tout va, le tout accompagné en plus de gestes brusques non contrôlés. Et lorsque le destin décide de les faire se rencontrer, c’est forcément compliqué, ça provoque des situations plutôt comiques, et d’autres parfois très émouvantes. Graviteront autour d’elles d’autres bracassées dans un roman plein d’humanisme, qui nous fait rire autant qu’il nous met la larme à l’œil. Mais au final, ce qu’on retient, c’est le sourire que cette lecture nous provoque, cette belle leçon de tolérance qui est proposée, et ces héroïnes particulièrement attachantes et touchantes. Un roman qui propose une vision positive de la différence, quelle qu’elle soit, et qui fait un bien fou !
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Chaque mois, Yuyine partage avec les lecteurs de dKLIKK ses plus belles lectures.
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