
© Olivier Papegnies / Collectif Huma
Les humeurs de Mimi sur les migrants
Depuis plusieurs mois, l’Europe voit déferler des vagues de populations qui fuient, qui la misère, qui la guerre, qui les deux. Et depuis, j’entends, je lis un peu partout des montagnes d’horreurs que je qualifierais d’inversément proportionnelles à la masse de gens qui se déplacent. «On » les fustige, «on» les montre du doigt, «on» les enferme, «on» les chasse. Mais surtout «on» oublie qu’avant d’être des migrants, ce sont des personnes. Des pères, des mères, des fils, des filles de. Tout le monde y va de sa petite théorie, du politique au quidam, tout le monde donne son avis. Dit ce qu’il faudrait faire. Donne des leçons, pire, des conseils. Et le summum je crois, ce sont ces personnes qui tout à coup se sentent investies d’une mission qu’ils croient essentielle : rappeler à tous que : «nous aussi on a nos pôôôvres et que c’est scandaleux d’aider ces étrangers alors que «nos» pôôôvres, eux, n’ont rien ! »
A ces personnes, j’ai très envie de demander : «mais vous, concrètement, que faites-vous pour le sdf du coin de votre rue ??»
Quand vous sentirez-vous le courage de demander à vos politiques d’aider «votre» pauvre ??
Je connais la réponse. Je voudrais moi aussi y aller de ma petite contribution. Pourquoi ?
1) Je suis issue de l’émigration. Ceci ne légitime en rien mon avis, mais disons qu’en tant que petite-fille et fille d’immigrés, j’ai une expérience de l’étrangère qui ne vit pas dans son pays. (bien que je sois née à Charleroi).
2) Je pense qu’un petit rappel historique n’est pas superflu (même si je ne vais pas être exhaustive, et que je vais opérer des raccourcis drastiques – mais il ne s’agit pas ici de faire une thèse).
3) Parce que le cap des 800 000 migrants ayant passés nos frontières est désormais atteint.
Mon grand-père a été «vendu» par le gouvernement italien suite aux accords de 1946 : il s’agissait d’un «échange» d’ouvriers italiens contre un prix avantageux de la tonne de charbon belge extrait. L’arrivée des Italiens en Belgique ne fut pas optimuale et nombre d’entre eux seront «invités» à vivre dans des baraquements qui, pour la plupart, sont hérités des camps de prisonniers allemands de la seconde Guerre mondiale. L’arrivée massive de jeunes hommes ne parlant pas la langue n’a pas été bien perçue par tout le monde et on a vu à l’époque, des avis interdisant l’entrée de certains établissements aux Italiens, macaroni et autre qualificatifs. Les droits de l’Homme n’étaient pas encore à la mode et tout le monde laissait faire. Des décennies plus tard, 60 ans l’année prochaine, on se rend compte que ces populations se sont bien intégrées, voire ont été digérées même.
Une migration humaine est un phénomène probablement aussi ancien que l’humanité. Les données archéologiques et paléoanthropologiques indiquent que l’Homme est apparu en Afrique. La présence d’humains dans tous les endroits de la planète résulte donc de mouvements de populations, mouvement conscient d’un ensemble de personnes d’un point à un autre dans un but donné.
Si on se donne la peine de (re)lire des manuels d’Histoire, on se rend vite compte que dès qu’une guerre éclate quelque part, les populations bougent et vont chercher la sécurité ailleurs. Sans remonter aux temps immémoriaux de l’Humanité, le XXe siècle a généré son lot de conflits et de guerres et son corollaire de migrations. Il est à constater que le volume de populations qui se déplacent depuis les années 2000 est considérable. Le flux ininterrompu d’arrivées de migrants sans papiers a généré un mouvement de panique et de rejets des pays touchés par ces populations. Tant que ces pauvres bougres arrivaient sur des plages du sud de l’Europe ou se noyaient en Méditerranée, un simple reportage au JT de 19h30 faisait état de ces déplacements. Dès que ces migrations ont commencé à toucher le continent, là, ce fut une levée de boucliers. Au sens propre comme au sens figuré. Les gouvernements se rejetant la balle comme dans un jeu de badminton funeste.
Des faits divers avérés ou inventés et déformés ont inondé les réseaux sociaux. Et tout le monde s’est mis à craindre pour sa propre sécurité, celle des siens. Et l’identité de son pays. Jusqu’à ce qu’Angela Merkel dise : «ok, moi, en Allemagne, j’en accueille plusieurs centaines de milliers!»
(eh non, je ne suis pas une fan absolue de Mme Merkel, mais il faut bien reconnaître qu’elle en a une belle paire la dame !!)