Les meilleures lectures de mai de Yuyine

“Mai et ses belles journées ensoleillées ne vous ont peut-être pas autant apaisé que les autres années, mais j’espère sincèrement que vous avez pu tout de même en profiter en toute sécurité. En ces temps troublés, il y a ceux qui cherchent du positif et de l’évasion et ceux qui n’hésitent pas à se faire peur ou à lire des textes plutôt engagés. Ces derniers sont sans doute moins nombreux mais forcée de constater que je dois en faire partie. Au programme de mes meilleures lectures il y avait en effet des nouvelles à faire peur, du post-apocalyptique où l’humain est en voie de disparition et un essai féministe sur la sororité. ”

Bienvenue à Sturkeyville de Bob Leman
(traduction de Nathalie Serval et illustrations de Arnaud S. Maniak)
paru aux éditions Scylla

Dans la bourgade tranquille de Sturkeyville, il semble que d’étranges phénomènes ont la fâcheuse tendance de se passer. Certaines habitations sont étrangement possessives, des rumeurs sordides courent à propos d’anciennes familles, des enfants maudits hanteraient le lac et on aurait même croiser un ou deux vampires et un ver géant… Curieux comme tout cela semble se produire en un seul et même endroit. Bob Leman était un auteur assez méconnu, auteur de 15 nouvelles seulement dont 6 sont regroupés ici en un recueil inédit et illustré. Regroupement de récits fantastiques et horrifiques à mi-chemin entre H.P. Lovecraft et Guillermo del Toro, Bienvenue à Sturkeyville est un ouvrage de qualité qui jette la lumière sur un auteur de talent en nous offrant l’accès à des nouvelles envoûtantes et un peu effrayantes. Quelle belle idée que celle des éditions Scylla! Amateurs du genre, ne passez pas à côté !

Le monde enfin de Jean-Paul Andrevon
paru aux éditions Le Bélial’, édition numérique e-Bélial nouvelles

Une épidémie semble avoir mis l’espèce humaine en voie de disparition. Au coeur d’un monde quasi désert mais vibrant de vie sauvage, un vieil homme traverse le sud de la France pour un ultime voyage. Croisant quelques survivants, résignés à disparaître eux aussi, l’homme et son cheval n’est qu’un prétexte à la mise en avant de la nature reprenant ses droits. Grand classique écrit en 1975, ce court récit extrait du recueil Demain le monde est pour son auteur une utopie. Pour lui, en effet, il n’y a pas d’autre futur utopique possible que celui de la disparition de l’homme pour redonner à la nature sa pleine possession du monde. Ecologiste engagé, l’auteur nous offre un texte d’une grande beauté abouti et percutant qui marque les esprits.

Mes bien chères soeurs de Chloé Delaume
paru aux éditions du Seuil dans la collection Fiction & Cie 

Cet essai se place à l’heure de la quatrième vague féministe, celle de toutes ces femmes ordinaires sur Internet qui portées par le mouvement #MeToo et #BalanceTonPorc osent enfin prendre la parole et dénoncer le sexisme ordinaire. Chloé Delaume nous propose un essai court mais cinglant qui s’inspire de son histoire intime pour nous adresser à tou.te.s un message à portée universelle. Elle lance un appel à la sororité dans un texte inclusif pour tou.te.s celleux qui ont un jour été considéré.e.s comme femmes. Piquante, la plume de Chloé Delaume est brillante comme une lame. Elle affute les mots comme les armes tranchantes qu’il sont et ponctue son texte de punchlines aussi savoureuses que cinglantes qui marquent les esprits. Mes bien chères soeurs est savoureux et nous donne envie de faire tomber les murs du patriarcal. Badaboum !

Photo couverture en Une :  Christian Wiediger on Unsplash