La musique indie folk de Colline Hill

Colline Hill © Hamilton Lake

Une “voie” chargée d’émotions

Colline Hill nous embarque dans son monde avec sa musique aux accents indie-folk. Un monde aux textes soignés où les métaphores sont légions et qui nous font plonger en nous-mêmes. Une musique qui nous emmène ailleurs. Qui nous donne envie de prendre la route, de traverser d’immenses paysages majestueux aux allures sauvages, tout en se laissant caresser par les embruns de l’Océan.

C’est dans le tout nouveau lieu liégeois, L’Office Café de la rue Souverain-Pont, que je l’ai rencontrée pour en savoir un peu plus sur elle, son univers musical et discuter de son second album « Skimmed”. Une rencontre juste parfaite avec une femme authentique.

Colline Hill a un rapport à la musique un peu atypique. Juriste de formation, elle débute dans sa Bretagne natale, au sein d’un petit groupe cover sans prétention qui reprend entre autres des morceaux de John Denver, des balades irlandaises…
C’est lors de son arrivée en Belgique, où une histoire d’amour lui fait poser ses valises à Liège, que la carrière musicale de Colline va prendre son envol. Elle décide de déposer ses maquettes sur le site belge participatif Akamusic afin de connaître la réaction du public face à ses compositions et son univers folk. Là, grosse surprise ! Le public adhère complètement et au bout de 3 mois elle obtient, grâce aux internautes, les fonds nécessaires à la production d’un single 3 titres, «Cause I Love» en 2009. Suivra, toujours grâce aux internautes, la sortie de son premier album «Wishes» en 2012, réalisé sous la houlette de l’arrangeur anglais Stuart Bruce, qui a travaillé entre autres avec Kate Bush, Loreena McKennitt, Peter Gabriel… Les scènes se succèdent et pas n’importe lesquelles. Le Bataclan, l’Olympia… elle est en première partie de monstres sacrés comme Crosby Stills & Nash.

Son univers n’est pas vraiment actuel car elle ne fait pas de la musique “en fonction du moment, du temps et de la vague qui déferle”. Elle ne cherche pas à plaire. Juste à être vraie… jusqu’au bout des ongles. Elle désire simplement retranscrire les valeurs de la folk, un peu à la manière de Woody Guthrie dans les années 70, en allant de ville en ville colporter des textes en acoustique, car n’oublions pas que le folk est une musique «faite pour le peuple et par le peuple», sans prétention, élégante, humble. Une communauté grandit autour de l’artiste et lui est fidèle. Le contact avec les gens la nourrit et la rend très accessible.

Elle prend le temps de discuter avec son public qui la soutient et relaye sa musique. Pour être en cohérence avec son besoin d’être proche des gens et son envie d’indépendance, elle choisit la voie de l’auto-production qui lui permet de s’implanter dans le temps, de pouvoir jouer sur de petites scènes (elle a entre autres tourné en Bretagne dans une série de Café de Pays) et de nous livrer un second album très intimiste.

Colline Hill © Hamilton Lake

Skimmed, sombre et lumineux, un album puissant

Sorti en 2015, Colline a pris le temps pour construire son nouvel album, très personnel. Elle l’écrit en Bretagne mais aussi en Irlande. Elle se rend sur l’île d’Inis Mor en plein hiver. Le vent souffle, la tempête fait rage. Isolée au « bout du monde », elle mène une vie d’ascète et se retrouve face à elle-même pendant un mois. Le résultat ? Un album authentique, sauvage et plein d’embruns.

Skimmed, c’est l’histoire de l’écume qui recouvre les récifs. On a l’impression au début que c’est du coton tout moelleux puis, un coup de vent, et on se rend compte que l’on est devant un récif saillant. Au fur et à mesure que l’on entre dans l’album, on descend dans l’émotion. “C’est un album qui vit et la vie c’est aussi de la mélancolie. Je me dévoile et quand on se dévoile, on sait que les gens vont s’approprier la chanson, du moins je l’espère. Peut-être vont-ils se retrouver dans Skimmed et y puiser une  énergie” Avec cet album, Colline Hill nous bouleverse et nous touche.

Indépendante, intègre et sincère, elle captive le public avec sa voix, ses textes et sa guitare. “J’essaie d’être fidèle à ce que je ressens. Dans la folk, on parle souvent de storytelling. On raconte des histoires. Moi, je me définis plus comme une «émotionteller» car dans mes textes, on est dans l’émotion plus que dans l’histoire, c’est cela qui m’intéresse”. Et pour rendre le propos moins brutal, elle utilise souvent des métaphores. “J’aime la poésie et lorsque le propos est trop violent, le fait d’utiliser des images permet de rendre celui-ci plus doux. C’est un peu comme l’enrober, le passer dans un filtre”.

Elle nous parle, par exemple, dans «Random Skies» de sa peur de mourir en disant clairement “est-ce qu’il va faire sombre, est-ce qu’il va faire froid, en dehors des bras de ma mère ?”. Elle se livre et ne triche pas. Elle nous emmène dans sa quête de vérité sans artifices.

Un album que l’on a envie de transmettre. Une voix à écouter sur scène.

www.collinehill.com