Ce n’est pas l’appareil photo qui fait le photographe…
Cette phrase prend tout son sens lorsque l’on découvre le travail de Laurence Bastin car jamais, on ne pourrait dire c’est son “vieux” gsm sony qui est à la base de son travail.
Régente en art plastique, elle exploite le médium qu’est la photographie lors de son mémoire de fin d’année où elle fige toutes les expressions, les émotions que l’on peut ressentir devant une oeuvre d’art.
La vie va faire en sorte qu’elle mette cette technique entre parenthèses.
La vie va faire en sorte qu’elle y revienne. La perte de ses parents. En déambulant dans la maison familiale, elle se rend compte qu’une foule de choses vont disparaitre. L’idée est insoutenable. Elle prend alors dans son sac la seule chose qu’elle a sur elle et qui va lui permettre de figer ses souvenirs : son GSM. Et elle se met à capturer l’instant.
Depuis, Laurence ne lâche plus son téléphone qui devient pour elle appareil photo car l’instant peut se produire n’importe quand, n’importe où et la photographie va devenir pour elle une thérapie, une manière d’exprimer le temps qui laisse des traces, souvent douloureuses, quelque fois joyeuses.
“Perdue dans les méandres d’une vie qui ne correspond plus en rien à celle que je m’étais imaginée. Se retrouver telle une petite fille confrontée à la mort, à l’abandon, obligée de voir, de grandir… désillusions (…)
Comme un exutoire, un moyen d’expression, j’appuie sur le déclencheur de l’appareil photo de mon gsm pour défier le temps, saisir un moment présent, capturer une émotion qui me submerge, fixer l’image qui me parle, me livre peut-être un message, un secret, me libère…”
Avec la photographie, Laurence nous emmène dans son monde, dans l’instant où la lumière transforme un vieux mur en un tableau d’art abstrait car Laurence pose un regard différent sur ce qui nous entoure et les objets soumis à son oeil deviennent bien souvent abstraction. Elle aime les matières et les éléments sur lesquels le temps a eu un impact. Tout prend une autre dimension en fonction de la lumière, du cadrage. Serré. Elle capte le passage de quelque chose sur autre chose.
Et elle partage avec nous ce moment intime, son histoire, sa manière d’exister car le partage est essentiel dans son existence. La culture n’étant pas présente dans sa famille, ce sont les autres, et notamment ses professeurs d’humanité qui l’ont éveillée à l’art et lui ont ouvert les portes sur les musées. Sa volonté est de pouvoir à son tour partager sa passion pour l’art et d’ouvrir notre regard à une autre dimension.
“Il ne faut pas regarder ce qu’est l’objet mais ce qui le fait, les lignes qui le construisent”.
Laurence photographie des objets sur lesquels nous ne nous arrêterions probablement jamais mais les détails qu’elle fige parle à notre imaginaire.
“Les objets c’est un peu comme chez les gens, il y a toujours quelque chose de bon ou de beau à prendre”.
“A journey in the abyss of time” de LO. Bastin
Hotel Silken Berlaymont – Boulevard Charlemagne 11-19 1000 Bruxelles
Une exposition à voir jusqu’au 27 février 2015
http://www.silken-photo.com/en_zoom-gallery.php
http://lbastin75.wix.com/lobastin